Juraguá Nuclear Power Plant. Current image. Photo by Daniel Antón Morera

Juraguá Nuclear Power Plant. Current image. Photo by Daniel Antón Morera

L’ère atomique cubaine : un fantôme qui habite le paysage

by: Alessandra Santiesteban

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Traduction par Jennifer Guerra Montenegro

On dit que vers la Ville Nucléaire une autre colonie a fait son apparition. Un lieu qui a ses propres règles et ses propres manières de coexister avec d’autres zones avoisinantes, d’autres écosystèmes, d’autres instances naturelles qui regorgent d’oiseaux, d’insectes, de reptiles… Car là-bas, sur ce site, lorsque l’humanité a cessé de faire des siennes, la vie a repris. On dit que, là-bas, le bétail paît, que les paysan.ne.s sèment en silence pour faire du commerce et pour manger. On dit que des eaux salées et douces coulent et que celles-ci rendent heureux les enfants, les personnes âgées et les poissons. On dit que les gens y vivent souvent à l’écart, qu’ils y vivent même hors-la-loi. On dit que cet endroit n’a pas de nom car les mots, tels que nous les connaissons, font partie d’un certain caractère officiel que l’on ne partage pas là-bas. Nous avons besoin d’exercer et/ou de reformuler d’autres manières (nouvelles ou vieilles), sensibles ou réelles, de nous en approcher, de le connaître et de l’interpréter. On dit que ce paysage impressionnant, inouï, a surgi après la fracture d’un grand projet, quelque chose d’inachevé encore de nos jours, après plus de quarante ans. Le souhait atomique et trop vaste d’une île. La soif débordante d’un homme. Le rêve qui lui a glissé des doigts…1

Voici l’histoire d’un lieu racontée par les choses qui s’y sont passées, par les personnes qui ont habité et qui habitent, encore aujourd’hui, ces espaces. Mais également par les espaces qu’elles n’ont jamais pu connaître et, cependant, qui persistent comme un souvenir insomniaque. Là-bas, le passé, le présent et le futur s’entremêlent avec la fiction, avec les limites du possible, avec la promesse non tenue, avec l’illusion et l’échec, avec la résilience et le déracinement. Des objets, des sons, des plans, des machines, des sensations qui vont au-delà de l’imagination et de la mémoire.

Cette œuvre du siècle

La centrale électronucléaire de Juraguá (CEN), située dans la ville de Abreus, province de Cienfuegos, a été le projet industriel le plus ambitieux de la révolution cubaine. Elle représentait non seulement la promesse d’un futur énergétique, mais aussi la consécration du socialisme sur l’île. Le chantier a débuté en 1982 et a été financé et supervisé par les soviétiques. Au début, l’accord comprenait la construction de deux réacteurs VVER-440 V318. Le projet était né en 1974, à la suite de la visite du président Fidel Castro sur le site de la centrale électronucléaire dans la ville de Novo Vorónezh, au bord du fleuve Don, où beaucoup de scientifiques cubain.e.s étudiaient. 

L’objectif de la centrale était de fournir jusqu’à 15% de la demande en énergie du pays et être une source d’emplois. C’est la raison pour laquelle, en parallèle au chantier, la Ville Nucléaire a commencé à s’ériger. Un quartier qui comprenait des logements et des infrastructures pour loger les travailleurs du projet, qui provenaient en grande partie de l’URSS, ainsi que les futurs ouvriers cubains et leurs familles. La « ville merveille » était située à quelques kilomètres de la future CEN, dans une zone où, avant, il n’y avait que de la végétation, des animaux caractéristiques de cette zone, et Castillo-Perché, un ancien quartier voisin de pêcheurs. 

Mais « l’œuvre du siècle », comme l’a nommée Fidel Castro lui-même, a été interrompue dix ans plus tard, en 1992, à la suite de la chute du camp socialiste et de l’URSS, ainsi qu’à la montée de la pression de la part des États-Unis. 

À ce moment-là, l’un des réacteurs était construit à 75% et l’autre à 25%. Les travaux de la salle des machines, et d’autres chantiers, avaient également bien avancé. Le coût des vies et des ressources était important. Tout cela, couplé à l’arrivée de la Période Spéciale, l’une des crises économiques les plus terribles que le pays ait traversée, a obligé le personnel à se réinventer et à trouver de nouvelles manières de subsister.

Pendant les années qui ont suivi, il y a eu plusieurs tentatives de reprises des travaux mais cela a été impossible. Tout comme la centrale, la Ville Nucléaire est restée à moitié construite. Au fil des années, un voile de silence et de dissimulation s’est levé sur les deux projets. Ces deux projets étaient l’image vivante de l’échec des utopies économiques et politiques. Encore aujourd’hui, parler ouvertement du sujet est tabou dans certains milieux de l’île.

Construction of the CEN. Archival image
Construction de la CEN. Image d’archive
Construction of the CEN. Archival image
Construction de la CEN. Image d’archive
Construction of the Nuclear City. Archival image
Construction de la Ville Nucléaire. Image d’archive

Micropolitiques de la ville et du paysage

Les villes utopiques, ainsi que les souhaits débordants, représentés par des constructions monstrueuses d’ingénierie, sont des paradigmes qui concentrent les aspirations d’une personne, d’une société ou d’un pays. C’est le point de convergence et de concentration d’une vision du monde, de la vie. Dans ce cas précis, un projet nucléaire raté.

Depuis 2017, je collabore avec un groupe d’artistes, d’activistes, de scientifiques locaux et d’autres parties de l’île pour la création d’actions2 qui cherchent à connecter l’art, la communauté et l’environnement. Ces actions traitent l’histoire, la réalité et les perspectives futures des habitants de la Ville Nucléaire et de ses alentours. Elles s’appuient sur diverses pratiques comme l’écriture performative, la production audiovisuelle, la photographie et la musique, entre autres. Celles-ci ont été cruciales pour déclencher des processus de réflexion et de travail collaboratif. 

Les personnes de la Ville Nucléaire et de Castillo-Perché ont un énorme potentiel pour être pensées, redéfinies. C’est la raison pour laquelle travailler à partir de la sphère micropolitique, à partir de la vie quotidienne – humaine, végétale, animale –, à partir des ruines du réacteur qui domine le paysage a été notre souhait en tant qu’artistes, chercheurs et chercheuses.

Notre objectif a été de pénétrer dans les fissures, dans les cassures, dans les ruines où les couches de différentes époques se rejoignent et coexistent. C’est à cet endroit-là précis où nous avons réalisé des actions dont le but a été l’écoute et la réinvention du « territoire » (à partir des expériences de ses habitants, y compris les nôtres) avec l’espoir qu’elles continuent de résonner longtemps après et qu’elles contribuent à une meilleure compréhension, à un meilleur partage et à une meilleure connexion avec l’espace. 

Lorsque nous pensons à ces interstices, à ces fissures, à ces fentes, nous les comprenons non seulement dans l’aspect physique du lieu, mais nous les comprenons aussi comme les couches de l’histoire (des histoires) où cet imaginaire ne cesse de coexister. Il y a quelque chose d’important, non seulement dans ce qui n’existe plus (une ville, un réacteur, un chantier monstrueux), mais aussi dans la possibilité du débordement. Non seulement de ce qui est déjà arrivé, ou de ce qui arrive, mais aussi de ce qui pourrait arriver. Est-il possible qu’un réacteur perdu dans les broussailles et dans l’oubli se transforme en quelque chose d’autre ? Est-il possible que l’histoire se répète ? Est-il possible de contenir une catastrophe imminente ?

Vivre proche d’un mythe

Pourquoi cette « ville » paraît d’autrui ? Pourquoi est-ce si difficile de s’y enraciner ? Quand a été la dernière fois que tu as pensé à pas abandonner cet endroit ? Les habitants de la Ville Nucléaire et de ses alentours ont la certitude que la proximité d’un réacteur inachevé n’est pas un fait dû au hasard. Vivre près d’un mythe est loin d’être un destin fortuit.

Depuis le début de la CEN, beaucoup de personnes sont passées par là. « Les premiers arrivants ont été les constructeurs et constructrices bulgares, de la brigade Nous vaincrons, en 1975. Ensuite, les Russes se sont ajoutés, et personne ne les appelait Soviétiques mais Russes »,3 m’a raconté Olga quelques années plus tard. Olga était caissière au supermarché où les familles russes faisaient leurs courses. Pendant cette époque, près de deux milles personnes de l’Union Soviétique ont vécu avec les Cubain.e.s. Toutefois, lorsque le projet a été interrompu, tout le monde a commencé à partir. Olga a travaillé avec la dernière famille qui a quitté Cuba. C’était la famille de l’un des superviseurs qui est resté jusqu’à la fin du démantèlement des installations. 

Néanmoins, cette zone de la ville de Abreus possédait déjà un quartier vieux de plus de trois cents ans. Au XVIIIè siècle, les Espagnols ont construit un système de fortifications dont le centre était la Forteresse de Notre Dame des Anges de Jagua. Le mouvement de construction a attiré de la main d’œuvre qui s’est installée à cet endroit et qui a commencé à s’identifier avec le nom de la compagnie de construction Castillo de Jagua. 

Actuellement, les habitant.e.s de Castillo-Perché ont une grande tradition liée à la pêche, celle-ci étant leur principal moyen de subsistance. Ils fabriquent aussi des fours de charbon (combustible utilisé pour préparer les aliments), ce qui a également été une source de revenus utile à la suite de l’augmentation de la crise économique à Cuba pendant les dernières années. Cette communauté possède un grand sentiment d’appartenance. Là-bas, le langage local est imprégné de l’identité maritime. De plus, ils jouissent d’une riche tradition orale en relation avec la pêche, l’art culinaire, les contes, les mythes et les légendes. Castillo-Perché est limitrophe de la Ville Nucléaire et, par conséquent, il est situé à proximité de la CEN. 

« Les «  gens de la mer  » sont différents aux «  gens de la montagne  ». Ceux de la «  montagne  » sont arrivés d’un coup, comme les immeubles sont arrivés. Cela a été une relation difficile. Cela a pris du temps, même du sang », m’a dit Atilio Caballero, le directeur du Théâtre de la Forteresse : un groupe qui, depuis plus de dix-huit ans, réside dans ce lieu. 

Lorsque les travaux de la centrale se sont arrêtés, la plupart des scientifiques, des ingénieur.e.s et du personnel qualifié qui vivait dans la Ville Nucléaire s’est déplacé vers d’autres parties de l’île.  Peu à peu, des personnes de l’est du pays sont arrivées à la recherche d’opportunités économiques. Beaucoup d’entre elles manquaient d’études et s’étaient construites en travaillant durement. Quelques-unes restaient un certain temps et ensuite, elles partaient ailleurs. Cela a été le début d’un déplacement démographique qui est encore perceptible de nos jours. 

Tout cela, ajouté à l’abandon historique souffert par la Ville Nucléaire, a favorisé la double exclusion sociale : externe et interne. Cela a provoqué de fortes conséquences au niveau sociologique : la hausse de la violence de genre, le machisme, l’homophobie et la transphobie, ainsi que la constante migration de jeunes, phénomène qui a énormément augmenté ces dernières années. 

Juraguá Nuclear Power Plant. Current image. Photo by Alessandra Santiesteban
Centrale électronucléaire de Jaraguá. Image actuelle. Photo de Alessandra Santiesteban
The Juraguá nuclear power plant as seen from the Nuclear City. Still from the short film La bahía (The Bay, 2018). Directed by Ricardo Sarmiento and Alessandra Santiesteban.
La centrale électronucléaire de Jaraguá vue depuis la Ville Nucléaire. Photogramme du court-métrage La baie (2018). Réalisation de Ricardo Sarmiento et Alessandra Santiesteban
Jagua-Perché Castle. Current image. Photo by Alessandra Santiesteban
Château de Jagua-Perché. Image actuelle. Photo de Alessandra Santiesteban

La réalité qui nous enferme

Même si la Ville Nucléaire manque d’infrastructure culturelle initiale (cinémas, théâtres, centres de loisirs), quelques centres locaux et institutions locales, comme la Maison de la Culture CEN Luis Romero, ont développé des actions socio-éducatives qui impliquent la communauté. Ceci a été un outil efficace pour encourager l’inclusion et la cohésion sociale.

De plus, j’aimerais évoquer la production du Théâtre de la Forteresse, un centre de recherche, un atelier de formation et de production théâtrale. Non seulement ce centre est inspiré de sujets et de problématiques de la CEN, mais aussi d’un acte de résistance artistique en maintenant là son siège et sa pratique quotidienne depuis presque vingt ans. Théâtre de la Forteresse a été reconnu au niveau national et international à travers sa participation dans de nombreux festivals et événements. 

En général, le travail de ces établissements avec les enfants, les adolescent.e.s et les jeunes a été décisif pour explorer l’identité culturelle et pour développer des compétences sociales et émotionnelles. Le développement de la musique, de la danse, du théâtre, de la littérature ont favorisé l’expression de soi et le sentiment d’appartenance à l’environnement. Dans le cas des adultes, –ceux qui, par exemple, ont été rattachés à la CEN et chez qui l’indifférence, la méfiance et le manque de confiance abondent –, leur participation a été une forme de rester actifs et de pouvoir partager leurs expériences de vie et de connaissance avec les autres. 

Néanmoins, malgré l’importance majeure de ce type d’initiatives, elles sont insuffisantes pour faire face à d’autres problématiques latentes, telles que la violence de genre, le machisme, l’homophobie et la transphobie. Pour cela, l’implication d’autres structures, qu’elles soient locales ou régionales, est vitale afin de conseiller et d’accompagner la communauté. Cela serait une incitation pour créer un environnement plus sûr et plus solidaire pour tous ses membres. 
Enfin, je veux citer quelques œuvres qui, ces dernières années, ont rendu visible, à l’international, le mysticisme du lieu et les histoires de ses habitants. Parmi elles, le long-métrage L’œuvre du siècle, réalisé par Carlos Machado Quintela ; le court-métrage Natalia Nikolaevna, de Luis Alejandro Yero et Adrián Silvestre ; le documentaire Breton est un bébé, de Arturo Soto, entre autres. Tout comme Franges, du romancier et metteur en scène Atilio Caballero ; et la poésie de Katherine Bisquet à travers son livre Uranium appauvri.4

The path of the blue waters project. Coordinated by Karina Pino Gallardo, Atilio Caballero, and Alessandra Santiesteban. El Tráiler Collective, June 2022. Photo by Karina Pino Gallardo

The path of the blue waters project. Coordinated by Karina Pino Gallardo, Atilio Caballero, and Alessandra Santiesteban. El Tráiler Collective, June 2022. Photo by Karina Pino Gallardo
Projet The path of the blue waters. Coordonné par Karina Pino Gallardo, Atilio Caballero et Alessandra Santiesteban. Collectif La Bande-annonce, juin 2022. Photo de Karina Pino Gallardo et Daniel Antón Morera

Passant à travers les eaux bleues 

Comment nous positionnons-nous face à la réalité qui nous enferme ? Comment habitons-nous la responsabilité de l’espace urbain et de la durabilité des relations avec l’environnement ? Comment nous engager à agir contre ces faits qui nous sont impossibles de connaître et auxquels il ne nous est pas permis de participer ? Est-il possible qu’un réacteur perdu dans les broussailles et dans l’oubli se transforme en quelque chose d’autre ? Est-il possible que l’histoire se répète ?

Lorsque la CEN a été paralysée, l’écosystème autour de cette dernière a de nouveau poussé et s’est de nouveau régénéré. La flore a gagné du terrain. Les eaux souterraines (qui abondent dans cette région) ont envahi les espaces construits. Les terres tout autour ont été prises comme terrains de semailles des paysan.ne.s qui, en plus, y ont amené leurs animaux (vaches, porcs, chevreaux) et ce sont d’ailleurs aujourd’hui les zones où vivent (pas toujours légalement) des personnes qui migrent de l’est du pays à la recherche de meilleures possibilités économiques. Pendant ces trois dernières décennies, tout un écosystème marin et terrestre (de vie humaine, animale et végétale) a peuplé la zone et s’y est établi, couvrant la ruine que la grande structure industrielle était en train de devenir. Aujourd’hui, c’est un environnement qui s’étend fermement aux alentours de cette construction. Toutefois, tout cela pourrait être sur le point de changer. 

En décembre 2015, le gouvernement cubain a fait une annonce, à travers des médias officiels, au sujet de la mise en œuvre d’un centre national d’enfouissement de déchets toxiques dans les installations de l’ancienne centrale nucléaire de Jaraguá. L’annonce est également apparue dans la Stratégie environnementale nationale 2016-2020 du ministère des Sciences, de la Technologie et de l’Environnement. Toutefois, jusqu’à présent, il n’a pas été avéré que les membres des communautés environnantes aient eu accès à des informations actualisées et régulières à ce sujet. 

Souvent, les germes d’un processus est la continuité d’un autre. Souvent, l’objectif de partager une question ou une problématique avec les autres est celui de trouver des chemins où la recherche mène à d’autres/de nouveaux espaces qui traduisent cette question ou cette problématique vers des processus qui génèrent leur propre chemin et qui se convertissent en séquelles de ce geste primaire. 

Les initiatives déployées actuellement se sont également centrées sur le développement de liens entre les habitants de la zone et leur environnement naturel. Il nous a semblé intéressant de prendre le travail réalisé par les recherches académiques, et par des spécialistes de filières scientifiques, et de tenter de les enrichir à travers la connaissance et la participation locale. Tout cela en tenant compte de qui ils sont, de comment ils se sentent, de la place qu’ils occupent dans ce micromonde (qu’il soit appelé Ville Nucléaire, Castillo-Perché, etc.) ; et en tenant compte des systèmes de relations établis entre eux au quotidien et du paysage qui les entoure. Bien que les projets naissent d’un agir avec ce qui est intime et ce qui est biographique, ils s’unissent lentement à la collectivité, au contexte, et ils servent de matérialité pour construire de nouveaux récits qui modifient les récits officiels. 

Notre souhait a été d’inclure toutes les voix et tous les corps (avec leurs habitudes, leurs dynamiques, leurs intérêts individuels), ainsi que demander et nous écouter en tant qu’organismes et partie prenante de ce petit univers. Créer des alliances avec le territoire qui nous permettent de partager des récits communs pour d’autres personnes, dans d’autres villes, dans d’autres écosystèmes, dans d’autres sentiers, dans d’autres lacs bleus qui sont nés après l’effondrement d’une utopie. Notre souhait a été d’habiter la conservation et la protection de la mémoire des projets pour qu’ils deviennent des déclencheurs d’autres individualités, d’autres processus, d’autres collectifs. Vivre un temps et un espace laissant même les mots de côté, pour communiquer de manières différentes, pour révéler quelque chose sur ce chemin : non pas une grande vérité, mais plutôt un souhait. 

The blue lakes. Natural environment in areas surrounding the CEN. Current image. Photo by Alessandra Santiesteban
Los lagos azules. Entorno natural en zonas aledañas a la CEN. Imagen actual. Foto de Alessandra Santiesteban

On dit que vers la Ville Nucléaire un quartier a fait son apparition. On dit qu’il existe des chemins pour y arriver, même si la plupart d’entre eux se perdent dans les broussailles. Les cartes ne les prennent pas en compte. Les cartes que nous connaissons ne savent pas voir. On dit qu’à cet endroit le bétail paît, que les paysan.ne.s sèment en silence pour faire du commerce et pour manger. On dit que les voisin.e.s utilisent les sites de végétation et d’anciens espaces à des fins industrielles pour les loisirs. On dit que ce paysage impressionnant, inouï, a surgi après la fracture d’un grand projet, quelque chose d’inachevé encore de nos jours, après plus de quarante ans. Le souhait trop vaste d’une île. La soif débordante d’un homme. Le rêve qui lui a glissé des doigts. Le début d’un voyage qui n’est pas encore terminé. 

Bienvenu.e.s

Alessandra Santiesteban

Écrivain, artiste

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